Le marché de la finance et de la comptabilité

Avec un taux de chômage de 1,9% pour les analystes et de 2,3% pour les comptables, vérificateurs et directeurs financiers (Emploi Avenir Canada), les experts de la finance et de la comptabilité comptent parmi les professions les plus recherchées au Canada.  

« Le taux de placement avoisine les 90%, précise Nathalie Francisci, présidente de Venatus Conseil, un cabinet de recrutement spécialisé dans les fonctions financières et comptables. Les offres sont beaucoup plus nombreuses que les candidats et les employeurs font des pieds et des mains pour retenir leurs bonnes recrues ».

Cette situation, très favorable aux candidats, est due au renforcement du dispositif comptable ces dernières années, allié à une diminution du bassin de main d’œuvre. Le nombre de nouveaux membres des ordres professionnels comptables a régressé alors même que la demande pour la profession est en forte hausse depuis 6 ans. Ainsi, l’Ordre des Comptables Généraux licenciés comptait 4 448 jeunes diplômés au Canada en 2004 contre 3 526 en 2006.

Conséquence directe de cette insuffisance de candidats : les salaires affichent une progression continue depuis 2001. Pour les comptables et vérificateurs, Emploi Avenir Canada annonce un taux de croissance salarial 2 fois supérieur à la moyenne nationale toute profession confondue. Cette augmentation est encore plus rapide pour les directeurs financiers, dont les salaires croissent à un rythme 2,5 fois supérieur à la moyenne nationale. Au-delà des salaires, toutes les conditions de travail s’améliorent pour les professionnels comptables et financiers, grâce à leur pouvoir de négociation accru auprès des employeurs. Un allongement des vacances se fait notamment sentir, avoisinant à présent 3 à 4 semaines par an.

Les cabinets comptables ne sont pas en reste. Nathalie Francisci remarque qu’ils se sont adaptés à cette nouvelle donne et ont grandement amélioré leurs conditions de travail. « De plus en plus compétitifs, ils offrent souvent des salaires supérieurs à ceux pratiqués en entreprise. Le saut du cabinet à l’entreprise n’est plus automatique. » Environ 40% des comptables agréés exercent aujourd’hui en cabinet (OCAQ).

Le boom du contrôle interne

Le contrôle interne connaît clairement les plus gros besoins sur ce marché. Les professionnels de la vérification – certification sont très sollicités depuis l’adoption de la loi Sarbanes-Oxley. Les scandales financiers des années 2000 – Enron, Nortel, Worldcom, Parmalat,… – ont engendré une obligation de bonne gouvernance et une attention renforcée pour les mesures de contrôle. Les entreprises nord-américaines ont dû investir massivement pour se conformer à la loi SOX : aux États-Unis, les organisations au chiffre d’affaires supérieur à 5 milliards $US ont dépensé à cet effet 4,36 millions $US en moyenne (Financial Executives International, 2004).

« Entreprises et cabinets renforcent leurs équipes pour se conformer aux nouveaux standards, explique Nathalie Francisci. Or la profession a peu séduit ces dernières années et les candidats manquent à l’appel. Ceux possédant 5 à 10 années d’expérience sont une vraie rareté. Leur salaire peut atteindre 100 000$ par an, dépassant parfois ceux des comptables très seniors plus nombreux sur le marché. »

D’une manière générale, le contrôle interne tend à devenir de plus en plus présent dans le travail quotidien des cadres financiers et comptables. Les VP finances et CFO s’occupent davantage de vérification, aux dépens de la gestion stratégique, ce qui n’est pas toujours pour leur plaire. Et pour cause : ils signent eux-mêmes les états financiers…

Pénurie à l’horizon

Cette bulle se résorbera t’elle une fois les nouvelles normes comptables intégrées ? On peut en douter car le départ annoncé des baby-boomers risque de prendre la relève et prolonger la pénurie pour les 5 à 10 prochaines années.

La profession est âgée : 13% des 67 000 comptables agréés du Canada ont plus de 55 ans (National Post, 2005). Au Québec, l’Ordre des Comptables Agréés prévoit, à partir de 2020, le départ à la retraite de 578 comptables agréés chaque année, sachant que le nombre de nouveaux membres reçus est actuellement de 375 comptables agréés par an…

En outre, Nathalie Francisci constate une tendance des jeunes à fuir les postes de directeurs comptables et financiers, laissés vacants par le départ des boomers. Certes ceux-ci retardent leur retraite et reviennent souvent comme consultants mais cela ne suffit pas à combler les besoins. « Où allons-nous trouver les futurs gestionnaires si la relève ne veut pas de ces fonctions ?… »

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